Pour faire suite à un article sur la communication web dans le culturel que j’avais écrit il y a quelques temps, la communication digitale n’est pas juste une accumulation d’outils et de plateformes sur lesquels nous allons partager nos contenus. Il faut aller plus loin, encore plus loin. La communication, quand elle s’adresse à des publics, quand elle travaille pour des structures culturelles, ne peut pas se limiter à du marketing, à de la simple diffusion d’informations, elle a une mission.
Je ne comprends pas que des lieux culturels ne profitent pas de la présence d’artistes dans leurs murs pour créer des « contenus » spécifiquement pour le web. Le storytelling ne doit pas être l’apanage des marques de voitures (qui ne disposent pas des mêmes budgets, mais quand même). Si nous voulons que les publics deviennent des relais pour nos programmations culturelles, il faut aussi leur proposer autre chose qu’une simple revue de presse. Nous devons aller plus loin. Nous devons construire du sens.
Aujourd’hui, le travail des communicants, que ce soit dans le culturel ou ailleurs, est de mettre en place des imaginaires qui vont embarquer les publics, de réfléchir et de participer à la création de contenus spécifiques. Le terme « contenu », au centre de certaines polémiques récemment, est générique et donc réducteur. Il est nécessaire de créer des histoires et de leur donner du sens par l’écriture, la photographie, la vidéo, le son, bref tout les médias supportés par le web.
Des plateformes comme Storehouse par exemple, proposent les prémices d’outils qui se font oublier au profit de ce qu’il y a à montrer et à partager. Les mises en page que ce service propose sont fluides mais limitées aux utilisateurs de tablettes ou smartphone. L’avenir ne se fera pas forcément avec ce genre d’outils mais sur des manières de raconter des histoires en y mêlant diverses ambiances. Il est donc nécessaire de donner aux créateurs les moyens de s’exprimer et de donner à la communication un nouveau souffle dont l’objectif n’est pas de « manipuler les cibles » mais de les élever, de ne pas les gaver d’informations mais de les inviter aux voyages et à la découverte. Rien de nouveau en théorie mais nous aimerions en voir les pratiques. C’est en ça que je sépare la communication de la communication culturelle : une éthique, un devoir de partager une richesse.
Et les artistes ?
Depuis le 22 mars 2014, le spectacle vivant est confronté une nouvelle fois à une crise difficile avec le MEDEF, le gouvernement et quelques syndicats. La communication via les grands médias les fait généralement passer pour des privilégiés. Les artistes développent donc des moyens d’informer le public qui passent outre l’impossibilité de s’exprimer sur les canaux traditionnels. Ils racontent ainsi leur désarroi et leur opposition en affichant, parfois avec le public, leur message.
La série de photographies de Piccola Familia est un bel exemple de communication créative et engagée. Si la culture ne fait pas mieux que la publicité de shampoing, quel intérêt. La force de l’art est là, dans ce public qui affiche son soutien au spectacle vivant. Il est donc urgent de redonner une place au public et d’arrêter de lui donner du pré-digéré.
Il y a bien d’autres exemples, plus ou moins réussis, et cela raconte énormément la situation actuelle. Pour élargir sur la communication culturelle, les manques de moyens et l’absence dramatique d’intérêt des médias traditionnels pour l’art et la culture en général doivent nous pousser à inventer d’autres espaces où les imaginaires pourront se développer et s’exprimer, où les artistes et les publics pourront partager ensemble.